Le Cercle Pétrarque dénonce une nouvelle rumeur qui met à mal la connaissance scientifique : non, il n’y a pas de cylindres ou de ville souterraine sous la pyramide de Khéops. 

Les auteurs de cette théorie frauduleuse – dont un ufologue, un occultiste des pyramides et une graphologue – s’étaient déjà fait connaître en 2022 en étant parvenus à publier un article dans la revue scientifique Remote Sensing. Dans celui-ci, ces derniers prétendaient avoir démontré l’existence d’un réseau très volumineux de galeries quadrillant de long en large la pyramide de Khéops, à partir de données satellitaires et de tomographie radar. 

« Il est évident, au vu de son contenu, que leurs travaux sont sans valeur, tant du point de vue de l’archéologie que des techniques de détection. Ils appartiennent en réalité aux courants alternatifs, avec une argumentation et des points de vue inspirés par des auteurs clairement reconnus comme s’opposant à la méthode scientifique et aux faits historiques établis (Graham Hanckock, Philippe Lheureux, Joseph Davidovits, etc [ndla : des romanciers révisionnistes et complotistes des pyramides égyptiennes] sont cités comme références dans la publication). » précise Franck Monnier, ingénieur égyptologue spécialiste de l’architecture pharaonique.

« Ce qui est présenté comme une ‘découverte historique’ fait le buzz sur les réseaux sociaux et dans certains médias parce qu’elle semble confirmer la conviction que les pyramides sont les vestiges d’une civilisation plus avancée, un jour extraterrestre, le lendemain atlante. » explique Franck Monnier. « Comme souvent dans ce genre de cas, ce n’est pas la solidité de l’argumentation qui séduit, puisqu’il n’y en a aucune, mais l’idée que l’on nous dissimule la vérité et qu’il faut réécrire l’Histoire. C’est pour un grand nombre un prétexte à dénoncer les institutions. » poursuit-il.

Franck Monnier est notamment l’auteur de La science face aux dossiers mystérieux de l’Egypte ancienne, Actes Sud, 2025. 

« L’archéologie a permis de confirmer les techniques employées pour construire la pyramide de Khéops : la provenance des pierres (inscriptions des carrières de Tourah), le transport des blocs sur le Nil et sur terre (chaussée de Mirgissa, papyrus du ouadi el-Jarf), le hissage manuel et donc humain sur une rampe à forte inclinaison (carrières d’Hatnoub) », explique Jean-Guillaume Olette-Pelletier, égyptologue, président du Cercle Pétrarque et chercheur associé à l’Université Paris-Sorbonne, Faculté des Lettres.

Il ne subsiste aujourd’hui plus aucune zone d’ombre sur les techniques employées pour ériger ce tombeau royal. Par ailleurs, la mission ScanPyramids, composée de chercheurs du CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives/France), de l’université de Nagoya (Japon), du KEK (High Energy Accelerator Research Organization – Tsukuba Japon) et de l’université Laval (Quebec Canada), utilisa dès 2015 la muographie et l’infrarouge afin de découvrir les espaces internes vides de la pyramide de Khéops. Cette technique a révélé la présence de deux pièces inconnues, le Big Void au-dessus de la Grande galerie et le North face corridor au-dessus de la percée d’Al-Mamoun, annonce publiée scientifiquement en 2017. Non identifié par ces prétendus chercheurs en 2022 d’après leur article, le North Face corridor a pu être explorée par micro-caméra le 24 février 2023 avec la collaboration de l’Université du Caire et de l’Institut archéologique allemand du Caire (DAIK), confirmant les découvertes de la mission ScanPyramids. Les articles scientifiques et la vidéo de cette exploration furent d’ailleurs rendus publique une semaine plus tard, le 2 mars 2023.

« Nous sommes loin des dizaines de nouvelles pièces et des huit cylindres souterrains de 648 mètres de profondeur énoncés par ces auteurs. » analyse Jean-Guillaume Olette-Pelletier.

De plus en plus, les médias, à la recherche de sensationnalisme, relayent ces nouvelles théories, sans toujours les confronter à l’expertise de chercheurs reconnus par leurs pairs. Déjà en août 2024, nous dénoncions une théorie absurde sur la construction de la pyramide de Djoser à l’aide d’un ascenseur hydraulique, en réalité le puits funéraire du sarcophage du roi.

« Face à la viralité de ces théories, relayées par les complotistes sur les réseaux sociaux, nous alertons une nouvelle fois les journalistes et les médias sur leur rôle dans la lutte contre la diffusion de fausses informations » ajoute le Dr Jean-Guillaume Olette-Pelletier

Le Cercle Pétrarque s’est donné la mission de dénoncer toute tentative de réécriture de l’Histoire, de diffuser la connaissance scientifique au plus grand nombre et de lutter contre les fausses informations. A ce titre, les médias ont un rôle majeur à jouer.

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